Lorsqu’elle était rentrée du bar, après ses heures de boulot, Jules avait pris définitivement la route du retour pour rentrer chez elle, et puis finalement elle avait fait demi tour par curiosité de retrouver le type qu’elle devait retrouver pour sa vieille connaissance. Mais rien. Rien fut le mot exact pour dire qu’elle avait perdu son temps, elle soupira et rentra chez elle comme à l’accoutumée. Elle jeta les clefs sur le comptoir de la cuisine, et c’est d’un pas las et fatigué qu’elle partie prendre une douche afin de se détendre et d’oublier ses fameux mots de crane. Elle aurait donnée n’importe quoi pour que ces derniers cessent, sachant d’hors et déjà qu’elle pouvait toujours faire une croix dessus. Enfilant rapidement sa sortie de bain, l’américaine se sécha les cheveux tout en regardant les cernes qui ornaient ses yeux azuréens dans les reflets du miroir. Dieu sait combien c’était dur de devoir dormir aussi peu, et voulant accuser le coup, elle prit un cachet pour se détendre et quitta la salle de bain. Elle passa une main dans ses cheveux, et tout en s’installant dans son lit appuya sur la boite vocale pour entendre les messages en attentes. Le premier, un avertissement de son médecin de paternel qui la suppliait de lui rendre visite. Le second, une demande de James pour venir lui rappeler de prendre son temps sur le service qu’elle devait lui rendre. Le troisième, un message d’une de ses amies de l’université lui donnant rendez vous en fin de semaine. Le quatrième, un message d’Andrew l'informant qu’il ne passerait pas et enfin un rappel à l’ordre de Thomas qu’elle ne prit pas la peine d’écouter jusqu’au bout. Cela lui remettait en mémoire bien trop de souvenir.

Déposant sa tête sur son oreiller, Jules préféra laisser voguer ses pensées sur le jeune Douglas car en général, il arrivait à dissiper ses visions prémonitoires. Indomptable - l’un comme l’autre - les deux là savaient ce qu’ils avaient à faire, sans rien ce dire pour autant. La brune ne savait pas vraiment où elle en était le concernant, son don de clairsentance avait levé un voile. Un voile qu’elle masquait à la perfection pour le moment. Au bout de quelques minutes le médicament finit par agir, et elle sombra néanmoins dans un sommeil des plus agités. Les insomnies faisaient encore parler d’elles, pour ne pas changer. Pour autant, elle entendit la voix coutumière de Drew raisonner en murmure alors qu’elle sentait ses mains sur son corps. « Jules. ». Après quelques secondes d’émergement, elle ouvrit les yeux s’accoudant quelques peu sur ses avant bras. Elle lui accorda un maigre sourire, alors qu’il lui demanda. « Est-ce que tu veux que je reste cette nuit ? ». Passant l’une de ses mèches rebelles derrière son oreille, Jules garda le silence tout en hochant la tête tout doucement. Les lèvres de Drew glissèrent dans son cou, lorsqu’elle lui prit la main pour le rapprocher d’elle. Les prunelles de Jules se posèrent de nouveau sur lui et l’embrassa tendrement. Elle voulait juste être près de lui et se sentir aimée comme il savait lui monter. « J’ai besoin de toi. ». Drap autour de sa silhouette fine, Jules se rapprocha un peu plus du jeune brun et répliqua. « J’ai aussi besoin de toi … ». Son murmure se perdit dans le énième baiser qu’elle lui donna. Mains autour de sa nuque, elle se colla un peu plus à lui.

Ainsi dans ses bras, Jules tentait d’oublier tout ce qui pouvait se passer en temps et en heure du quotidien. Elle ne dormait pas des masses, et lorsqu’elle était en présence d’Andrew, tout semblait se figer dans le temps. Elle aurait apprécié posséder d’autres dons, et non ceux qu’elle avait présentement et qui lui donnait des insomnies et des maux de têtes à vouloir supposer mourir. Elle ferma quelques secondes les yeux, voulant occulter encore et toujours. « Je voulais pas te réveiller. ». Elle sentit alors les lèvres du jeune homme sur les siennes, et elle rouvrit ses yeux azuréens en le toisant d’un silence qui pouvait paraitre pesant, mais elle reprit très vite. « Les insomnies ont fait le reste du travail de toute façon, alors ce n’est pas grave. ». La Cornwell lui accorda un sourire aux commissures de ses lèvres, tout en prenant soin d’éviter de toucher la montre de celui qui la tenait dans ses bras. Elle savait que cette fichu clairsentance reviendrait à la charge. Jules n’était pas dupe de ce que pouvais faire l’américain lorsqu’il n’était pas, mais pour autant elle disait rien car après tout ils étaient libre tous les deux. Jules mettait un voile sur sa relation avec Andrew certainement pour se protéger elle mais aussi lui. C’était compliqué. Jules avait tellement perdue dans son existence qu’elle se fichait éperdument de souffrir ou non. « J'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose. ». Elle se redressa quelques peu et fronça les sourcils tandis que Drew l’embrasser dans le cou. Elle ne saisissait pas de quoi il voulait parler. Jules monta alors à califourchon sur lui et répliqua. « Pourquoi veux tu qu’il m’arrive quelques choses ? Si cela doit arriver alors ça arrivera, les gens hors du commun doivent sans doute l’être de toute façon. J’en ai l’habitude. ». L’américaine soupira doucement mais d’une lassitude sans pareille, un signe avant coureur peut être. L’extralucide qu’elle était sentit une sensation dérangeante lui tapait au niveau des tempes. « Je pense que ce sera la dernière fois que je reviendrais, Jules. On peut plus se voir. ». La voix du mystérieux la remit cependant sur les rails de l’attention. Le silence de sa part signifiait qu’elle accusait le coup, magnifique mensonge. Elle s’éloigna de lui, le visage fermé, bien qu’elle ne sache plus où donner de l’esprit. « Alors c’est ça, je dois pas être à la hauteur des autres ? Ou alors je perds le fil de l’histoire ?! ». Elle se leva tout en tenant le drap autour d’elle. « Tu as raison, on peut plus se voir. ». Sa voix était terne et froide. Elle partie dans la salle de bain où elle s’habilla rapidement. Désormais vêtue, elle s’appuya contre l’encadrement de la chambre. Elle passa une main dans sa chevelure en bataille et observa Andrew.

La perte totale, elle ne comprenait plus rien. S’il désirait couper les ponts avec elle, alors elle lui faciliterait la tache, la souffrance n’était plus ce qui l’empêchait chaque matin de poursuivre son quotidien, quand bien même intérieurement c’était un déchirement de ne plus le voir. « Il ne t’arrivera rien, pas tant que je veillerai sur toi. ». Elle secoua la tête dégoutée par ce qu’il venait de dire. Protection comme si elle en avait besoin. « Je n’irai pas m’aventurer sur ce terrain là avec toi. La situation n’est plus valable, libère toi de ton objectif envers moi. ». Sa voix n’était pas colérique ni haineuse, juste froide et posée comme tous les jours. « Ca n’a rien à voir avec ce que tu as dis. ». Appuyer contre la porte de la salle de bain, elle le toisait d’un regard dépourvu d’expressions quelconques. Croisant les bras sur sa poitrine, elle garda le silence une fraction de secondes se demandant pourquoi il agissait de cette manière tout à trac. Il s’avança alors vers elle. « Je ne suis pas fait pour toi. Tu mérites un homme bien, un homme qui te fera sourire tous les jours, pas un homme comme moi. ». Jules hocha doucement la tête d’un air amusé et ironique. Elle s’approcha de Drew et lui murmura à l’oreille. « Tu ne sais rien du tout Andrew, pas même de quoi je pourrais être capable, alors oui peut être que la jovialité joue beaucoup dans une vie selon toi, mais tu ne me connais pas assez. ». Sa réplique étant murmurée, elle recula d’un pas, et le regarda dans les yeux, avant de le contourner pour aller dans le salon. Une fois dans la pièce, elle chercha le dossier que lui avait confié James une de ses connaissances travaillant pour une organisation qu’elle avait feintée l’existence jusque là. Le travail, lui ferait sans doute oublier tout, et puis les risques c’est bon pour la santé.

L’ignorance était certainement ce qui pouvait blesser le plus, surtout en ce qui concernait la personne de Drew. Elle se questionnait alors sur l’importance de sa présence. Comment une seule personne pouvait vous paraitre aussi importante ? Elle-même n’avait guère la réponse. « Quel terrain ? Tu penses que je joue avec toi ? Parce que c'est faux. ». Elle l’ignorait encore, cela lui faciliterait peut être la tache pour qu’il disparaisse de sa vie ? Grosse erreur de diagnostic apparemment, car quelques instants plus tard elle put de nouveau observer le comportement imprévisible de Drew. Celui qu’elle avait vu lors du premier jour de leur rencontre, une autre partie de lui-même, mais qui demeurait bien l’homme qu’elle apprivoisait dans le fond. Plaquer contre le mur, sa force n’y suffirait pas pour qu’elle puisse s’en défaire. « J'ai besoin de toi. Plus que tu ne pourrais l'imaginer mais je te ferai du mal un jour, je le sais. ». Le souffle du jeune brun se perdit sur les lèvres de Jules, qui sentit son rythme cardiaque s’accélérer d’un seul coup, la surprise certainement, mais aussi la déchirure dans les paroles que le mystérieux venait de prononcer. Il partit alors dans la chambre, sous le regard intense de la brune. Resserrant ses bras autour d’elle, l’universitaire en littérature regardait en direction du couloir qui donnait sur la chambre. Elle sentait mal de le faire souffrir, elle passa une main dans ses cheveux et soupira. Sa fierté mal placée allait certainement en prendre un coup, mais elle devait essayer tout de même, après tout cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus rien à perdre. S’aventurant à son tour dans la chambre, elle vint s’asseoir à son coté. « Si un jour tu me fais du mal, c’est parce que tu seras partit. Je ne sais pas ce que tu veux, ni ce que tu désires au fond … Je suis peut être pas la bonne personne pour t’expliquer … ». Elle ne savait plus comment choisir ses mots, elle se sentait ridicule à un tel point qu’elle ne l’imaginait même pas. Soulevant doucement le visage du mécanicien, elle le regarda dans les yeux pour tenter de le comprendre. Elle déposa sa tête contre son épaule, son souffle parcourant la peau du brun.

Jules ne s’attendait pas vraiment à ce que le jeune homme lui exprime quelques choses. Il avait toujours été mystérieux et réservé ce qu’il pensait - et ce de manière réciproque - que la brune ne lui avait jamais rien demandé. Pour elle cela était difficile de comprendre ce qui se passait entre lui et elle, si vraiment il se passait quelques choses. Alors qu’elle tentait de savoir ce qu’il désirait au fond, Andrew secoua la tête. « Je ne suis pas facile à vivre, et tu finiras à me haïr, peut importe ce que tu me diras. ». Jules fronça légèrement les sourcils, et esquissa un rire ironique. « Tu pense vraiment que la haine va dans un seul sens ? Tu as tord. Tu pourrais me détester à ton tour, plus que tu peux le penser. ». Jules n’était blanche comme neige et ceux qui le pensaient allez tout droit dans l’erreur. Elle avait fait et vécu des choses dont elle était peu fière, mais sans limite elle acceptait tout ce qui pouvait lui nuire. Andrew contre toute attente lui apportait quelque chose sur laquelle elle avait du mal à mettre une signification. Elle baissa alors son visage, songeant alors à l’inconnu qui pouvait effrayer à plusieurs égards. Drew l’attira contre lui, et quelques secondes elle sentit les lèvres du brun sur les siennes. Ses doigts fourragèrent dans la tignasse en bataille du jeune Douglas tout en l’embrassant de manière passionnée. « Si tu veux que je reste, je resterai. ». Lui avait il soufflé alors qu’ils échangeaient un baiser. Jules se dégagea légèrement et chercha une réponse dans ses yeux d’habitude elle y trouvait ce qu’elle cherchait. « Est-ce que c’est ce que tu veux ? ». Son bonheur personnel elle l’avait toujours mis de coté. Et elle se rendit compte que seul les envies de Drew comptaient à ses yeux, et une sensation en elle la rendait minable. Minable d’avoir eu un dire égoïste envers lui, lui qui désirait partir. Jules déposa sa main sur la joue du mécanicien.

« Tu réponds toujours à une question par une autre, hein ? ». Lui avait il soufflé en finissant par un sourire qu’elle ne voyait que très peu. Elle secoua la tête doucement le regard baissé. Dès lors elle sentit les lèvres du jeune homme parcourir son corps, et se sentit frémir comme à chaque fois. Il avait une capacité à l’apaiser que personne ne semblait posséder encore. Lorsqu’elle lui avait lancé ses paroles un peu plutôt, elle s’en voulait d’être égoïste, mais elle avait besoin de lui quand bien même les difficultés seraient présentent. Jules avait la fâcheuse habitude de prendre tout ce qui pouvait se retourner contre elle que cela soit tout et n’importe quoi, mais elle n’en avait cure. Le Douglas était une présence pour laquelle elle donnerait tout, mais l’avouer semblait complexe. Ainsi les sentiments leurs faisaient ils peur ? Tandis qu’il était sur elle à l’embrasser dans le cou, la brune le toisa en plongeant ses prunelles dans les siennes et l’embrassa avec la toute la force dont elle capable. « Qu'est-ce qu'on va faire toi et moi ? Ou on va...? ». Jules se contenta de sceller ses lèvres en fronçant instinctivement les sourcils. Le murmure du mécanicien la fit réfléchir, mais la réplique qui suivit la mit en effet sur le droit chemin. « Je me dégoute. ». Elle mit alors un doigt sur ses lèvres. Il pensait au fait qu’il passait la nuit avec d’autres femmes, une réalité que l’américaine avait comprit grâce à son don, une caractéristique qui parfois était déplaisante. Se laissant tomber à son coté, Drew contemplait le plafond, une vision vide. Se redressant, Jules se mit à califourchon sur lui. « Je ne te demande rien Andrew … Je sais que cela semble égoïste mais j’ai besoin de toi. ». Ses yeux verts l’observaient d’un regard neutre. Ses lèvres attrapèrent celles du brun, et la langue de Jules jouait avec la sienne. Elle recula légèrement tout en passant ses mains froides sous sa chemise, et esquissa un sourire. « L’un comme l’autre je crois qu’on a du mal à avouer pas mal de choses. ». Sa voix se perdit dans un souffle.